Sécurité et souveraineté alimentaires

Soirée-débat
Marc Dufumier, agroéconomiste,
Valentin Brochard, chargé du plaidoyer sur la souveraineté alimentaire au CCFD
22 octobre 2021 à 19h
Salon du Belvédère – Corum – Montpellier

La situation alimentaire dans le monde est marquée par une recrudescence de la faim. Comme le reconnait l’ONU, Il y a plus qu’assez de nourriture dans le monde pour nourrir les 7,8 milliards de femmes et d’hommes qui peuplent la Terre. À ce jour, pourtant, plus de 820 millions de personnes ne mangent pas à leur faim. Quelque 144 millions d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance, soit plus d’un enfant sur cinq dans le monde. Nos systèmes alimentaires ne fonctionnent plus et la pandémie du COVID-19 aggrave la situation. Si nous n’agissons pas immédiatement, il ne fait aucun doute que nous allons tout droit vers une crise alimentaire mondiale qui pourrait avoir des répercussions à long terme sur la vie de centaines de millions d’humains.

C’est dans ce contexte qu’un « Sommet de l’ONU sur les systèmes alimentaires » s’est tenu le 23 septembre 2021 à New York. Or ce Sommet a été caractérisé par son opacité et par la mainmise des compagnies agroalimentaires transnationales. En effet, l’approche privilégiée est basée sur les solutions de marché, et les droits humains ont été exclus des débats.

Dans ces conditions, comment analyser cette situation sous ses deux aspects, sécurité alimentaire d’un côté et souveraineté alimentaire de l’autre, et comment s’interroger sur les enjeux au regard de la solidarité internationale ? Telles sont les idées force pour cette soirée-débat.

Atelier de la CNCL du 12 juin 2021 sur l’eau et le sol

Impacts sur l’eau et le sol de l’urbanisation et de l’agriculture industrielle. Quelles alternatives ?

L’objectif de cet atelier était de donner des pistes pour :

  • identifier le plus tôt possible, à l’échelle d’un territoire, des projets urbains et des pratiques agricoles néfastes pour l’environnement et les populations ;
  • alerter, mobiliser et lutter efficacement contre ces projets et pratiques, tout en proposant des alternatives crédibles.

Pour cela nous avons décrit les impacts négatifs de certains projets urbains et de certaines pratiques agricoles sur l’eau et le sol. Par exemple, l’artificialisation/imperméabilisation du sol sans cesse croissante dans les villes entraîne l’augmentation du risque d’inondation, de la pollution des milieux aquatiques et des spots de chaleur, et une perte de biodiversité. De même, l’usage de pesticides pollue le sol et l’eau, et certains projets d’irrigation empêchent le retour à un bon état des masses d’eau et ne sont pas soutenables face au changement climatique. Plus largement, c’est toute l’agriculture productiviste qui pose problème, en n’assurant pas la reconstitution de l’humus du sol.

Puis nous avons présenté quelles sont les alternatives à ces projets urbains et ces pratiques agricoles néfastes pour l’environnement et les populations. Ces alternatives, souvent regroupées sous les qualificatifs « ville perméable », « nature en ville », « agroécologie », visent soit à atténuer ou compenser les impacts, soit à les supprimer. Nous avons montré leur intérêt mais aussi parfois leur limite.

Enfin, nous avons présenté « Les sentinelles de la nature », l’outil lanceur d’alerte de France Nature Environnement, et nous avons fait un rappel de la réglementation environnementale (étude d’impact, concertation préalable, débat et enquête publique), afin d’élargir le panel d’actions possibles des associations et comités locaux d’Attac.

Intervenants :

  • Impacts sur l’eau de l’urbanisation et de l’agriculture industrielle – Thierry Uso – CL Attac Montpellier
  • Restaurer le cycle de l’eau, le sol et la végétation – Daniel Hofnung – CL Attac 94
  • Impacts de l’artificialisation sur les sols. Etat et leviers réglementaires ? – Brian Padilla – Espace Ecologie Société

Diaporamas :

Vidéos :

Discussion

La discussion après les interventions a porté sur :

  • La densification urbaine et la démographie comme moyen et prétexte à la métropolisation
  • La transformation progressive des forêts françaises de riches écosystèmes en monocultures d’espèces à croissance rapide pour la production de bois énergie
  • La multiplication des projets de bio-méthanisation sur des terres agricoles produisant initialement des aliments

Agriculture climato-intelligente

Traduction en français de l’article Climate-Smart Agriculture du livre
Pluriverse : A Post-Development Dictionary

Mots clés: agriculture, changement climatique, agriculture climato-intelligente, agrobusiness, greenwashing, adaptation, atténuation

« Agriculture climato-intelligente » est un terme à la mode pour décrire une agriculture censée atténuer le changement climatique ou s’y adapter. Cependant, l’absence d’une définition claire ou de critères spécifiques pour la qualifier a permis à l’agro-industrie d’adopter ce terme avec enthousiasme pour présenter ses activités comme bonnes pour le climat. De nombreuses organisations du mouvement en faveur de l’alimentation se méfient – voire s’opposent – au concept d’agriculture climato-intelligente. Elles s’inquiètent de plus en plus du fait que le terme est si vague qu’il est utilisé pour faire passer pour vertes des pratiques qui sont, en fait, dommageables pour le climat et l’agriculture. Beaucoup craignent que la promotion de l’agriculture climato-intelligente ne fasse plus de mal que de bien et, en réalité, ne compromette la transition vers la durabilité et la justice dont nos systèmes alimentaires ont besoin de toute urgence.

Le terme « Agriculture climato-intelligente » a été initialement définie par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dans le but de promouvoir des approches agricoles susceptibles d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter, tout en augmentant les rendements.

Le problème est qu’il n’existe aucune définition précise de ce qui peut – ou ne peut pas – être qualifié de « climato-intelligent ». En raison de la vague conceptualisation de la FAO, les entreprises adoptent librement ce terme pour décrire des pratiques qui, selon elles, favorisent l’innovation et réduisent l’impact environnemental. Cependant, il n’y a pas de critères ou de justifications suffisamment solides pour utiliser ce terme. Les pratiques de l’agriculture climato-intelligente ne sont pas tenues de suivre des principes agro-écologiques ou similaires. Il n’y a pas non plus de garanties sociales pour empêcher les activités dites « climato-intelligentes » de porter atteinte aux moyens de subsistance des agriculteurs, de favoriser l’accaparement des terres ou d’endetter les agriculteurs.

Ainsi, si certains peuvent supposer que l’agriculture climato-intelligente signifie que ces activités sont bénéfiques pour le climat, rien ne garantit que ce soit le cas. Malheureusement, le terme est désormais si largement utilisé qu’il est probablement trop tard pour élaborer des définitions ou des critères judicieux. Pour que l’agriculture puisse véritablement relever les multiples défis liés au changement climatique, un profond changement systémique est nécessaire.

Alors que les effets du changement climatique se font sentir dans le monde entier, l’agriculture, la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire et les communautés agricoles sont particulièrement menacées par ses impacts. Les régimes pluviométriques erratiques, les sécheresses, les inondations et les températures extrêmes affectent de plus en plus la capacité des agriculteurs à produire des aliments.

Dans le même temps, l’agriculture – en particulier le modèle de révolution verte de l’agriculture industrielle – est une cause majeure du changement climatique. Une part importante des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) est créée par l’élevage industriel, ainsi que par l’utilisation généralisée d’engrais azotés de synthèse (Gilbert 2012).

En outre, tout en contribuant au changement climatique, la « révolution verte » de l’agriculture rend les systèmes alimentaires particulièrement vulnérables à ses effets. Les semences vendues par les entreprises agroalimentaires ont été largement sélectionnées pour nécessiter de grandes quantités d’eau et d’engrais azotés de synthèse. Or, ces engrais provoquent la décomposition et la disparition de la matière organique du sol qui retient l’eau, ce qui entraîne l’assèchement rapide du sol en cas de faibles précipitations ou de sécheresse, et donc de mauvais rendements ou la perte de récoltes. La capacité réduite du sol à absorber l’eau expose également davantage les cultures aux dommages causés par les fortes pluies ou les inondations.

Il est donc évident qu’il est urgent d’agir, tant pour réduire la contribution de l’agriculture au changement climatique que pour aider les systèmes alimentaires à faire face et à s’adapter aux impacts actuels et futurs. Heureusement, l’une des solutions les plus efficaces pour réduire la contribution de l’agriculture au changement climatique est également l’une des stratégies d’adaptation les plus efficaces disponibles. En remplaçant les engrais de synthèse par des techniques naturelles, l’agroécologie réduit les émissions et améliore la capacité des sols à absorber et à retenir l’eau en période de sécheresse et d’inondation. Il est également essentiel d’améliorer l’accès des agriculteurs à diverses variétés de semences adaptées aux conditions locales pour qu’ils puissent faire face à toute une série de phénomènes météorologiques imprévisibles. Et en renforçant les économies locales, il est possible de réduire les distances parcourues par les aliments tout en renforçant la souveraineté alimentaire et le contrôle des agriculteurs sur leurs systèmes alimentaires.

Les entreprises agro-industrielles cherchent cependant à retarder ces transformations nécessaires de nos systèmes alimentaires. Au lieu de reconnaître la nécessité de transformer les pratiques agricoles, nombre de ces entreprises utilisent simplement le terme « agriculture climato-intelligente » pour donner un nouveau nom à leurs pratiques néfastes, afin de pouvoir continuer à faire ce qu’elles faisaient jusqu’à présent.

Des entreprises telles que Monsanto, McDonalds, Syngenta, Walmart et Yara (le plus grand fabricant d’engrais au monde) affirment toutes être à l’avant-garde des pratiques de l’agriculture climato-intelligente. Elles affirment que les plus grands bénéfices pour le climat viendront de l’action des plus grands acteurs et que les entreprises polluantes doivent faire partie de la solution.

Monsanto affirme que ses semences génétiquement modifiées tolérantes aux herbicides « Roundup-Ready » réduisent les émissions de CO2 du sol en raison de l’application d’herbicides au lieu du labourage des mauvaises herbes. Et Monsanto espère développer des systèmes qui surveilleraient les émissions de GES et donneraient des conseils sur les conditions météorologiques. Yara développe des produits fertilisants et des techniques d’application qui, selon ce fabricant, auront un impact réduit sur les émissions. McDonalds prétend être à la pointe du développement du « bœuf durable ». De nombreux partisans de l’agriculture industrielle affirment que l’ « intensification durable » peut constituer une stratégie pour une agriculture climato-intelligente, car elle permet d’augmenter les rendements tout en réduisant les émissions par unité de production. Certains projets d’agriculture climato-intelligente ont également été liés à un financement controversé par le biais de la compensation des émissions de carbone.

En se qualifiant de climato-intelligentes, les entreprises espèrent éviter les contrôles et les réglementations, afin de poursuivre leurs activités et développer leurs affaires, même si elles continuent probablement à augmenter leurs émissions globales de GES. Mais en continuant à faire comme si de rien n’était, elles sapent également la souveraineté alimentaire locale et entraînent une foule d’autres problèmes socio-économiques et environnementaux liés à leurs pratiques agro-industrielles.

Pour compliquer le débat, de nombreux groupes qui encouragent les pratiques agro-écologiques à petite échelle, réellement bénéfiques pour le climat, qualifient également leurs activités de « climato-intelligentes ». La confusion survient lorsque différents acteurs utilisent le même terme pour décrire des approches très différentes. L’expression « agriculture climato-intelligente » continue d’être utilisée par certains gouvernements, ONG et entreprises, mais avec des significations et des programmes très différents. Plusieurs gouvernements, entreprises et ONG ont rejoint l’Alliance mondiale pour une agriculture climato-intelligente (GACSA). Entre-temps, des centaines d’organisations de la société civile ont exprimé leur opposition à l’agriculture climato-intelligente, à la GACSA et à toute adoption formelle du terme dans les négociations climatiques des Nations unies.

Autres ressources

ActionAid (2014), ‘Climate Resilient Sustainable Agriculture Experiences from ActionAid and its partners’,
http://www.actionaid.org/publications/climate-resilient-sustainable-agriculture-experiences-actionaid-and-its-partners-0

Climate Smart Agriculture Concerns (2014), ‘Corporate-Smart Greenwash: Why We Reject the Global Alliance on Climate-Smart Agriculture’,
http://www.climatesmartagconcerns.info/rejection-letter.html

Food and Agriculture Organization (FAO), ‘L’agriculture intelligente face au climat’,
http://www.fao.org/climate-smart-agriculture/overview/fr/

Gilbert, Natasha (2012). ‘One-Third of Our Greenhouse Gas Emissions Come from Agriculture’, Nature,
https://www.nature.com/news/one-third-of-our-greenhouse-gas-emissions-come-from-agriculture-1.11708

ScienceDirect (2014), ‘Sustainable intensification: What is its role in climate smart agriculture?’,
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877343514000359

Yara (2015), ‘Sustainability’,
https://www.yara.com/siteassets/sustainability/documents/yara-climate-smart-agriculture-magazine.pdf/

Teresa Anderson est responsable de la politique et de la communication sur le changement climatique et la résilience d’Action Aid International ; elle est basée à Londres. Elle est l’auteur de plusieurs rapports et articles dont Clever Name, Losing Game : How Climate-Smart Agriculture is Sowing Confusion in the Food Movement et Hotter Planet, Humanitarian Crisis : El Niño, the ‘New Normal’ and the Need for Climate Justice, publié par Action Aid.

Production dirigée par les travailleurs

Traduction en français de l’article Worker-Led Production du livre
Pluriverse : A Post-Development Dictionary

Mots clés: autogestion, récupération, coopératives, contrôle des travailleurs, travail

La production dirigée par les travailleurs fait référence à un ensemble diversifié de pratiques qui visent à donner le premier rôle aux sujets du travail : les travailleurs eux-mêmes. Tout au long de l’ère industrielle, avec ses processus associés de déqualification et de mécanisation, les travailleurs ont non seulement demandé une plus grande part des  profits par le biais des luttes syndicales, mais ils se sont également efforcés de participer aux processus de décision sur leur lieu de travail; ils ont créé des coopératives basées sur une autogestion égalitaire et, enfin, ils ont occupé les entreprises et les ont placées sous le contrôle des travailleurs. [1]

Le mouvement coopératif, qui s’est développé parallèlement au mouvement ouvrier aux XVIIIe et XIXe siècles, a constitué une formidable tentative de remise en cause des divisions sociales et économiques fondamentales de la modernité industrielle. Mais, au XXe siècle, il a été absorbé par le mode de production capitaliste, puisqu’il a largement adopté et légitimé les relations salariales. Cependant, avec le début de la restructuration capitaliste néolibérale à la fin du vingtième siècle, un nouveau coopérativisme radical émerge dans de nombreux pays, recoupant dans une certaine mesure le mouvement naissant de l’économie sociale et solidaire.

Plus important encore, au tournant du XXIe siècle, dans des pays d’Amérique latine comme l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil et le Venezuela, les travailleurs réagissent à la désindustrialisation provoquée par la restructuration de l’économie. Ils occupent leurs entreprises en faillite ou abandonnées, résistent aux tentatives d’expulsion et relancent la production en comptant sur leurs propres forces – une pratique appelée « récupération ». Avec l’extension à la périphérie européenne des conditions économiques qui ont donné naissance au mouvement latino-américain, un mouvement naissant de récupérations sur les lieux de travail apparaît après 2011, avec des exemples en Italie, en Grèce, en Turquie, en France, en Espagne, en Croatie et en Bosnie-Herzégovine.

La vision d’une société future dirigée par les « producteurs associés » eux-mêmes traverse tous les courants historiques de la gauche; à ce jour l’autogestion démocratique sur le lieu de travail est pour beaucoup un moyen efficace de combler le gouffre entre cette vision du futur et la lutte quotidienne au sein de la société, devenant ainsi une composante essentielle d’une politique préfigurative, c’est-à-dire une politique qui tente de construire des relations sociales alternatives dans le présent. Le remplacement des hiérarchies existantes par des pratiques décisionnelles horizontales ne permet pas seulement de surmonter l’aliénation inhérente à la production industrielle et de libérer les pouvoirs créatifs des travailleurs, mais permet aussi de substituer plus facilement la recherche à courte vue du profit par des considérations humaines liées au bien-être des travailleurs et de la société en général.

Cependant, des éléments de la production dirigée par les travailleurs, dépouillés de leur potentiel subversif, ont été progressivement introduits dans la production capitaliste. D’une part, les pratiques contemporaines de gestion des entreprises visent à accroître la productivité en permettant – et en exigeant – que certains groupes de travailleurs dirigent eux-mêmes leur activité. D’autre part, alors que les restructurations économiques démantèlent les services de protection sociale, marchandisent les communs et créent d’importantes « populations excédentaires » de chômeurs et de travailleurs précaires, une « économie sociale » qualifiée d’« économie des pauvres » en marge de l’économie dominante est considérée par les élites néolibérales comme un « filet de sécurité ». Il s’agit d’un moyen peu coûteux de fournir des moyens de subsistance aux couches sociales inférieures, et donc de maintenir la paix sociale. En tant que type d’économie sociale, elle ne fait que dissimuler l’incapacité du capitalisme contemporain à assurer la reproduction sociale et écologique.

En effet, dans le contexte d’une telle économie sociale, les travailleurs autogérés sont souvent victimes d’auto-exploitation : si les hiérarchies internes peuvent être abolies, la concurrence au sein du marché capitaliste détermine ce qui doit être produit, ainsi que les prix, les salaires et, en définitive, les conditions et l’intensité du travail. La lutte pour la survie de ces entreprises peut vicier leur caractère émancipateur et reléguer au second plan les considérations environnementales ou sociales.

Les entreprises récupérées sont généralement confrontées à des obstacles supplémentaires : manque d’accès au crédit, machines obsolètes, part de marché en baisse dans un contexte de récession. Le plus souvent, elles sont engagées dans de longues batailles juridiques contre l’État et les anciens propriétaires, avec très peu d’arguments juridiques en dehors de leur légitimité sociale comme moyen de préserver les moyens de subsistance.

Ainsi, le contrôle des travailleurs sur le processus de production est une condition nécessaire mais pas suffisante de l’émancipation sociale. Contrairement aux entreprises capitalistes, les entreprises gérées par les travailleurs n’existent pas dans l’isolement social mais font généralement partie de mouvements sociaux plus larges, qui compensent le manque d’innovation économique et technologique par une « innovation sociale ». La participation à des communautés de lutte et à des réseaux d’entreprises dirigées par des travailleurs permet de réorienter la production vers des produits socialement utiles et de créer des voies de distribution alternatives fondées sur la solidarité plutôt que sur la concurrence. La plupart des entreprises nouvellement récupérées en Europe se sont réorientées vers une production respectueuse de l’environnement et de la société : Scop-ti et Fabrique du Sud, dans le sud de la France, se sont orientées respectivement vers les tisanes et les glaces biologiques ; Viome, en Grèce, est passé des matériaux de construction chimiques aux produits de nettoyage naturels ; Rimaflow et Officine Zero, en Italie, se sont orientés vers la récupération et le recyclage de produits électroniques.

C’est précisément l’ancrage des entreprises dirigées par des travailleurs dans des mouvements sociaux plus larges et leur attention aux besoins et aux demandes des communautés qui en font des éléments importants d’une stratégie visant à maximiser la résilience sociale et l’autodétermination. En ouvrant l’entreprise à des préoccupations étrangères à la productivité et à la rentabilité capitalistes, les travailleurs remettent en question la division entre les sphères sociale, économique et politique, sur laquelle repose la modernité capitaliste. En Amérique latine et en Europe, les terrains occupés des usines offrent leur espace aux écoles, aux cliniques et aux centres sociaux; ils accueillent des marchés de producteurs, des bazars, des concerts et des événements artistiques. En bref, des « écosystèmes solidaires » se forment autour des « communs industriels », aidant à passer de la simple production de marchandises à la production de relations, de sujets et de collectifs, englobant la vie sociale dans son intégralité et agissant comme un rempart contre les processus de dépossession et d’enfermement.

Note

[1] Workers’ control : an archive of workers’ struggle, une ressource en ligne multi-langues présentant des actualités, des débats, des analyses et des récits historiques. Voir http://www.workerscontrol.net/.

Autres ressources

Azzelini, Dario and Oliver Ressler (2015), ‘Occupy, Resist, Produce’, http://www.ressler.at/occupy_resist/.

Azzellini, Dario (2018), ‘Labour as a Commons: The Example of Worker-Recuperated Companies’. Critical Sociology. 44(4–5): 763–76.

Barrington-Bush, Liam (2017), ‘Work, Place and Community: The Solidarity Ecosystems of Occupied Factories’, http://morelikepeople.org/solidarity-ecosystems/.

European Medworkers Economy, http://euromedworkerseconomy.net/.

Karakasis, Apostolos (2015), ‘Next Stop: Utopia’, http://www.nextstoputopia.com/.

Lewis, Avi and Naomi Klein (2004), ‘The Take’, http://www.thetake.org/.

Ruggeri, Andrés (2013), ‘Worker Self-Management in Argentina: Problems and Potentials of Self-Managed Labor in the Context of the Neoliberal Post-Crisis’, in Camila Piñeiro Harnecker (ed.), Cooperatives and Socialism: A View from Cuba. London: Palgrave Macmillan.

Theodoros Karyotis est un sociologue, chercheur indépendant et traducteur basé en Grèce. Militant social dans les mouvements populaires liés à la démocratie directe, à l’économie solidaire et aux communs, il coordonne le site workerscontrol.net, une ressource multi-langues sur l’autogestion des travailleurs.

Stop Amazon à Fournès

Réservez dès maintenant le samedi 30 janvier pour être dès 10h à Fournès.
Fin de l’action prévue à 14h – prévoyez votre pique nique – toilettes sèches sur place.
L’action sera faite dans le respect des gestes barrières : n’oubliez pas votre masque et du gel.

Action coorganisée avec Attac France, Les Amis de la Terre France, Anv-Cop21 Montpellier, ADERE, Confédération Paysanne 30, Solidaires 30, Extension Rebellion, PrimaVera.

100.000 signatures pour 100 raisons

Pétition du Mouvement des femmes kurdes en Europe

En tant que Mouvement des femmes kurdes en Europe (TJK-E), nous voulons recueillir 100.000 signatures car nous avons 100 raisons de nous opposer au dictateur d’Erdogan et à ses mercenaires dans leur utilisation de la loi, de l’armée et de la police qui promeuvent la violence et l’injustice.

Dans la première phase de notre campagne, pendant les 104 jours qui s’écouleront entre le 25 novembre 2020 et le 8 mars 2021, nous donnerons chaque jour une autre « raison », en partageant les histoires de femmes, qui ont été assassinées par l’État. Contre ce dictateur, qui parvient à commettre de nouveaux massacres chaque jour, nous vous parlerons des femmes qui ont été assassinées. Nous voulons qu’elles entrent à jamais dans les pages de l’histoire et dans la mémoire de l’humanité.

Le 29 octobre 2009, Ceylan, 12 ans, a été tuée par un obusier de l’armée turque, alors qu’elle faisait paître des moutons. Le 9 janvier 2013, Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez ont été assassinées à Paris par les services secrets turcs. Kader Ortakaya a été tuée d’une balle dans la tête en novembre 2014, alors qu’elle tentait de passer à Kobanê pendant le siège de Daesh. La jeune militante Dilek Doğan a été assassinée à son domicile par la police le 18 octobre 2015. En décembre 2015, le cadavre de Taybet Inan, une civile tuée par les forces armées turques, a été abandonné en décomposition dans les rues pendant le couvre-feu à Silopi. Le 4 janvier 2016, les militantes kurdes Seve Demir, Pakize Nayır, et Fatma Uyar ont été massacrées par l’armée à Silopi sous le siège de l’armée. Le 12 octobre 2019, la militante et politicienne kurde Hevrin Xelef a été assassinée par les forces islamistes soutenues par la Turquie dans le cadre de l’opération « Source de paix » menée par l’État turc à Serekaniyê (Ras al-Ain), dans le nord de la Syrie. En juin 2020, trois militantes kurdes du mouvement féministe Kongreya Star ont été assassinées lors d’une attaque de drones turcs sur une maison du village de Kobanê, dans le nord de la Syrie, à Helince. Il existe de nombreux autres exemples.

Les signatures que nous recueillerons constitueront la première étape pour poser les bases des travaux juridiques, sociaux, politiques et d’actions que nous entreprendrons, dans notre quête pour poursuivre ce dictateur. Dans un deuxième temps, nous porterons nos signatures et les crimes que nous avons enregistrés, ainsi que toutes les preuves que nous avons recueillies, devant les Nations Unies et les autres institutions concernées pour exiger le début du processus de reconnaissance du féminicide comme un crime similaire au génocide.

Chaque signature que nous recueillerons nous rapprochera de la poursuite de ce dictateur, tandis que chaque voix que nous élèverons en action réduira l’espace disponible pour les dictateurs.

Vous pouvez signer directement depuis le site https://www.100-reasons.org/petition ou nous envoyé un mail à l’adresse signatures (at) 100-reasons.org.

100 reasons

Pour nous écrire
Postbus 673
2501 CR Den Haag
Pays Bas

Pour plus d’informations
www.100-reasons.org
Facebook : onehundredreasons
Twitter : @100Reasons

Journée internationale des migrant-e-s

Le 18 Décembre 2020 est la journée internationale des migrant-e-s.

Journée internationale des migrants

Le Collectif de Sans Papiers de Montpellier que soutient Attac Montpellier appelle à un rassemblement à 15h sur le parvis de la mairie de Montpellier, suivi d’un départ en manifestation à 16h30 pour se retrouver à 18h devant la préfecture.

Contact : csp.34montpellier (at) gmail.com

Mobilisation à Montpellier contre la loi de sécurité globale et les violences policières

Beaucoup de monde à Montpellier – 6000 personnes – toutes générations confondues avec une forte présence de jeunes. Très belle réponse à ce pouvoir qui glisse sur une pente dangereuse et à qui nous devons opposer notre attachement aux principes de la république. Cela fait maintenant trop longtemps que les forces sensées nous défendre s’en éloignent en commettant des actes dignes des pires régimes autoritaires.

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