100.000 signatures pour 100 raisons

Pétition du Mouvement des femmes kurdes en Europe

En tant que Mouvement des femmes kurdes en Europe (TJK-E), nous voulons recueillir 100.000 signatures car nous avons 100 raisons de nous opposer au dictateur d’Erdogan et à ses mercenaires dans leur utilisation de la loi, de l’armée et de la police qui promeuvent la violence et l’injustice.

Dans la première phase de notre campagne, pendant les 104 jours qui s’écouleront entre le 25 novembre 2020 et le 8 mars 2021, nous donnerons chaque jour une autre « raison », en partageant les histoires de femmes, qui ont été assassinées par l’État. Contre ce dictateur, qui parvient à commettre de nouveaux massacres chaque jour, nous vous parlerons des femmes qui ont été assassinées. Nous voulons qu’elles entrent à jamais dans les pages de l’histoire et dans la mémoire de l’humanité.

Le 29 octobre 2009, Ceylan, 12 ans, a été tuée par un obusier de l’armée turque, alors qu’elle faisait paître des moutons. Le 9 janvier 2013, Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez ont été assassinées à Paris par les services secrets turcs. Kader Ortakaya a été tuée d’une balle dans la tête en novembre 2014, alors qu’elle tentait de passer à Kobanê pendant le siège de Daesh. La jeune militante Dilek Doğan a été assassinée à son domicile par la police le 18 octobre 2015. En décembre 2015, le cadavre de Taybet Inan, une civile tuée par les forces armées turques, a été abandonné en décomposition dans les rues pendant le couvre-feu à Silopi. Le 4 janvier 2016, les militantes kurdes Seve Demir, Pakize Nayır, et Fatma Uyar ont été massacrées par l’armée à Silopi sous le siège de l’armée. Le 12 octobre 2019, la militante et politicienne kurde Hevrin Xelef a été assassinée par les forces islamistes soutenues par la Turquie dans le cadre de l’opération « Source de paix » menée par l’État turc à Serekaniyê (Ras al-Ain), dans le nord de la Syrie. En juin 2020, trois militantes kurdes du mouvement féministe Kongreya Star ont été assassinées lors d’une attaque de drones turcs sur une maison du village de Kobanê, dans le nord de la Syrie, à Helince. Il existe de nombreux autres exemples.

Les signatures que nous recueillerons constitueront la première étape pour poser les bases des travaux juridiques, sociaux, politiques et d’actions que nous entreprendrons, dans notre quête pour poursuivre ce dictateur. Dans un deuxième temps, nous porterons nos signatures et les crimes que nous avons enregistrés, ainsi que toutes les preuves que nous avons recueillies, devant les Nations Unies et les autres institutions concernées pour exiger le début du processus de reconnaissance du féminicide comme un crime similaire au génocide.

Chaque signature que nous recueillerons nous rapprochera de la poursuite de ce dictateur, tandis que chaque voix que nous élèverons en action réduira l’espace disponible pour les dictateurs.

Vous pouvez signer directement depuis le site https://www.100-reasons.org/petition ou nous envoyé un mail à l’adresse signatures (at) 100-reasons.org.

100 reasons

Pour nous écrire
Postbus 673
2501 CR Den Haag
Pays Bas

Pour plus d’informations
www.100-reasons.org
Facebook : onehundredreasons
Twitter : @100Reasons

Mobilisation à Montpellier contre la loi de sécurité globale et les violences policières

Beaucoup de monde à Montpellier – 6000 personnes – toutes générations confondues avec une forte présence de jeunes. Très belle réponse à ce pouvoir qui glisse sur une pente dangereuse et à qui nous devons opposer notre attachement aux principes de la république. Cela fait maintenant trop longtemps que les forces sensées nous défendre s’en éloignent en commettant des actes dignes des pires régimes autoritaires.

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Les loups gris d’Erdogan

Communiqué de presse

Le Collectif de solidarité avec le peuple kurde Montpellier et le Centre démocratique kurde Montpellier se félicitent de la décision du gouvernement français, qui vient de dissoudre les « Loups gris », « mouvement paramilitaire et ultranationaliste » incitant à la haine et à la violence notamment contre les kurdes et les arméniens. « Les loups gris » sont l’organisation de jeunesse du parti turc de l’Action nationaliste (MHP) à l’idéologie fascisante. Or le MHP est devenu au cours des dernières années un partenaire privilégié et indispensable du parti islamo-conservateur de M. Erdogan, qui a dénoncé cette dissolution et menacé la France de représailles.

Erdogan électoralement en difficulté et affaibli par la crise économique, mise sur une politique combinant religion et nationalisme, agressive et expansionniste pour se rêver nouveau sultan d’un empire à conquérir. Après avoir envahi le nord de la Syrie, il soutient les djihadistes dans les régions d’Ilib, envoie des milliers de ces supplétifs islamistes en Lybie, et dans le Haut-Karabakh, et multiplie les provocations en méditerranée orientale.

Erdogan n’a pas condamné le meurtre de Samuel Paty, il souffle sur les braises de l’islamisme, instrumentalise la question religieuse à des fins électorales.

Le gouvernement français et l’UE, sans céder au chantage à l’immigration du gouvernement turc, doivent reconnaitre le droit des kurdes de Turquie et de Syrie, sortir le PKK ( Parti des travailleurs du Kurdistan) de la liste des organisations terroristes, œuvrer pour la libération d’Oçalan, prisonnier politique depuis 21 ans.

Contacts

Collectif de solidarité avec le peuple kurde Montpellier

  • collectifdesolidariteaveclepeuplekurde (at) lilo.org
  • Delphine Petit : 0618872873

Centre démocratique kurde Montpellier

  • centre.d.kurde34 (at) gmail.com
  • Fatma Nesanir : 0619588183

La lutte contre le terrorisme et pour la paix, passe par notre solidarité avec le peuple Kurde

Communiqué de presse

Ce Vendredi 25 Septembre 2020, une nouvelle opération policière a été menée par le régime fasciste d’Erdogan qui vient d’emprisonner 82 cadres du Parti Démocratique des Peuples, le HDP, pourtant officiellement encore autorisé, et principale force d’opposition progressiste en Turquie. Ces arrestations massives de cadres du HDP, de député.e.s, de maires et autres élu.e.s, vise à étouffer dans ce pays les derniers espaces de liberté, de progrès social, de respect de droits des femmes et du vivre ensemble dans la diversité des origines et des croyances.

Le prétexte de ces arrestations est parlant : ces cadres du HDP auraient participé en… 2014, à des manifestations de protestation contre les crimes commis à Kobana par les terroristes de Daesh, mouvement islamo-fasciste soutenu par le gouvernement Turc. Daesh, qui dans le même temps soutenait par sa propagande et sa finance les attentats terroristes en France.

Or ce sont les combattants kurdes qui par leur engagement au sol, ont vaincu au Rojava, en Irak et en Syrie les terroristes de Daesh. Ces mêmes terroristes qui aujourd’hui sont revenus, soutenus par l’aviation et l’armée d’Erdogan, et multipliant massacres et viols de masse. L’Organisation des Nations Unies à travers sa Commission internationale d’enquête vient de produire un rapport sur les récents crimes perpétrés par ces milices protégées par Erdogan : le journal Le Monde du 25 Septembre s’est fait l’écho d’un passage de ce rapport de l’ONU, concernant le viol collectif d’une jeune fille devant des prisonniers kurdes obligés par les islamo-fascistes d’assister à la scène.

Et voici qu’en France, suite au nouvel attentat commis le 25 Septembre devant l’ancien local de Charlie Hebdo par un terroriste fanatisé, le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin proclame le surlendemain « Nous sommes en guerre contre le terrorisme » et rappelle les « 32 attentats » déjoués depuis trois ans ?

Alors Messieurs Macron et Darmanin, il faut être cohérent ! Nous demandons au gouvernement de la France ainsi qu’à l’Union Européenne de mettre fin à leur attitude ambiguë, voire hypocrite :

  • Que la France et l’U.E. sortent enfin le PKK de leur liste des organisations terroristes : il est le parti historique du mouvement de libération du peuple Kurde pour une coexistence de tous les peuples, dans la coopération et la justice sociale !
  • Que l’Etat, la police et la justice françaises cessent de harceler, voire d’arrêter ou d’expulser des militants kurdes qui agissent pacifiquement pour une juste cause. Nous n’avons pas à faire en France le sale boulot d’Erdogan !
  • A cet égard, à Montpellier comme ailleurs les citoyen.ne.s Kurdes qui veulent déposer un dossier de demande d’asile ou de naturalisation française ne doivent pas subir des pressions visant à faire d’eux des indicateurs de police : la France est encore, aux yeux de beaucoup de peuples du monde, le pays des Droits de l’Homme.

Pour une paix durable, pour éradiquer le terrorisme en France et partout ailleurs, il ne faut pas réprimer ceux qui œuvrent pour la paix, la justice sociale et la liberté, mais agir avec eux !

C’est pourquoi nous invitons les associations, syndicats, mouvements politiques et leurs représentants à soutenir ces demandes; et aussi, à solliciter l’intervention des groupes parlementaires dans ce sens.

Le Collectif de solidarité avec le peuple kurde de Montpellier
Contact : collectifdesolidariteaveclepeuplekurde (at) lilo.org

Rassemblement pour la Journée mondiale de la paix

La Journée mondiale de la paix est une journée de lutte contre les guerres, la destruction, l’injustice, et le système patriarcal.

L’association des femmes kurdes se saisit de cette journée pour s’opposer à la dictature du président turc Recep Tayyip Erdogan, et rappeler les violences et crimes contre les populations civiles régulièrement perpétrés par son gouvernement.

Au nord de la Syrie, l’armée turque et ses mercenaires djihadistes commettent des violations et des exactions quotidiennes contre les Kurdes et autres composantes ethniques de cette région qu’ils occupent, en assassinant en particulier des femmes .

En Turquie, les élus et militants du Parti démocratique des Peuples (HDP) subissent une répression systématique destinée à empêcher toute expression politique du peuple kurde : pas un jour ne se passe sans des destitutions d’élu-e-s, des arrestations, détentions et de lourdes condamnations pénales prononcées par une justice aux ordres du pouvoir.

L’aviation turque poursuit ses frappes et bombarde régulièrement le sud Kurdistan, appuyée par des drones et des hélicoptères d’attaque ainsi que des tirs d’artillerie . Par ailleurs, des militaires turcs continuent d’incendier des zones forestières du Nord Kurdistan.

Ebru Timtik, avocate turque de 42 ans est décédée au 238jour de sa grève de la faim en prison. Elle réclamait « un procès équitable » après sa condamnation, l’an dernier, à treize ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ». Une accusation devenue courante contre les différents opposants au pouvoir de Recep Tayyip Erdogan. C’est le 4e décès depuis le mois d’avril.

Le Collectif montpelliérain de solidarité avec le peuple kurde se joint au Conseil Démocratique Kurde de Montpellier et demande au gouvernement français de dénoncer les agressions turques et les assassinats politiques, de proposer à l’UE et à l’ONU une zone d’exclusion aérienne en Syrie et en Irak, visant à empêcher tout bombardement de populations.

 Rassemblement à Montpellier ce mardi 1er septembre, place de la comédie à 18h

 

 

Vidéo du rassemblement

Publication d’un nouveau dictionnaire sur le développement

Plus de 25 ans après la publication de « The development dictionary », vient de paraître « Pluriverse : a post-development dictionary ». Pourquoi un nouveau livre faisant une analyse critique du concept de développement, qui plus est sous la forme d’un dictionnaire ? Wolfgang Sachs qui a dirigé la rédaction de « The development dictionary » en donne l’explication dans la préface de « Pluriverse » intitulée « le développement revisité » (voir ci-dessous la traduction en français de la préface). Depuis l’émergence du concept à la sortie de la seconde guerre mondiale jusqu’à nos jours, le développement a subi plusieurs mutations, tout en conservant ses fondements les plus néfastes pour l’humanité et l’environnement. Le développement reste porté par l’idée qu’il n’y a qu’une seule forme d’évolution sociale. La « pensée du développement » nie la diversité des sociétés et des territoires et au contraire les soumet à ce que Wolfgang Sachs appelle la dictature de la comparaison quantitative. Le développement désormais affublé du qualificatif de durable est mesuré par des indices économiques mais aussi sociaux. C’est pour prendre en compte ces mutations, analyser leurs effets et proposer des alternatives pour sortir du développement une bonne fois pour toutes, que « Pluriverse » a vu le jour. « Pluriverse » est un dictionnaire sur ce que pourrait être un après développement plus qu’un dictionnaire sur le développement. Et l’après développement ne peut être que pluriel pour la centaine d’auteurs de « Pluriverse » originaires de tous les continents. Le plurivers, « un monde où beaucoup de mondes existent » selon les zapatistes, incarne cette vision plurielle de l’après développement. Le Plurivers est un ensemble d’alternatives au « monde unique » que veulent imposer les puissances impérialistes occidentales. A l’ontologie dualiste du monde unique (une culture universelle agissant sur une nature inerte), s’oppose l’ontologie relationnelle du plurivers (formes diverses de relation des humains entre eux et avec leur environnement dans le respect mutuel). Le plurivers rompt les dualités culture/nature, humain/non humain, homme/femme etc. à l’origine de la crise environnementale et offre par là même des possibilités d’en sortir.

Le livre est composé de 3 parties. Dans la 1ère partie, un auteur de chaque continent fournit une analyse critique des impacts du développement dans sa région. La 2ème partie passe en revue une série d’innovations techniques et financières présentées à tort comme la solution pour sortir de la crise mondiale : économie verte, marché de services écosystémiques, géo-ingénierie, villes intelligentes, transhumanisme… Enfin, la 3ème et principale partie de « Pluriverse » est un recueil des visions du monde et des pratiques, anciennes et nouvelles, locales et mondiales qui émergent des communautés indigènes et paysannes, des périphéries urbaines, des mouvements environnementaux, féministes et sociaux, en marge de la modernité capitaliste : agroécologie, buen vivir, institution des communs, convivialité, décroissance, démocratie directe, droits de l’homme et de la nature, écoféminisme, écosocialisme, souveraineté énergétique et alimentaire, swaraj… Il ne s’agit plus d’appliquer des politiques s’appuyant sur les mêmes mesures et indices de développement partout dans le monde, mais de reconnaître qu’il existe plusieurs chemins pour aller vers un monde durable et juste.

Après l’anglais et l’espagnol, les co-éditeurs de « Pluriverse » (Alberto Acosta, économiste et ancien ministre équatorien de l’énergie et des mines; Federico Demaria, économiste de l’environnement à l’université autonome de Barcelone; Pablo Escobar, anthropologiste à l’université de Caroline du Nord; Ashish Kothari, écologue et co-fondateur de l’ONG indienne Kalpavriksh; Ariel Saleh, sociologue et militante écoféministe) espèrent qu’il sera bientôt publié également en français et dans de nombreuses autres langues.

Pluriverse

Le développement revisité
Wolfgang Sachs

« L’idée de développement se dresse comme une ruine dans le paysage intellectuel ». C’est ce que nous avons écrit il y a environ vingt-cinq ans, en 1993, dans l’introduction de « The Development Dictionary ». Heureux et un peu naïfs, assis sous le porche de la maison de Barbara Duden près de la Pennsylvania State University à l’automne 1988, nous avons proclamé la fin de « l’ère du développement ». Entre les pâtes, le vin rouge et les rondelles d’oignon, entre les sacs de couchage, un ou deux ordinateurs personnels et de nombreuses rangées de livres, nous avons commencé à élaborer les grandes lignes d’un manuel qui allait exposer l’idée du développement.

Rappelons-nous : dans la seconde moitié du XXe siècle, la notion de développement était comme un puissant souverain sur les nations. C’était le programme géopolitique de l’ère post-coloniale. Comme les dix-sept auteurs, venant de quatre continents, avaient tous grandi avec le concept de développement, nous voulions nous débarrasser des convictions profondément ancrées de nos pères de l’après-guerre. Nous avons compris que le concept avait préparé le terrain pour le pouvoir impérialiste occidental sur le monde. De plus, nous avons senti – plus que pensé de manière rationnelle – que le développement conduisait à un cul-de-sac, dont les conséquences nous toucheraient sous forme d’injustice, de bouleversements culturels et de déclin écologique. En somme, nous nous étions rendu compte que l’idée de développement avait pris une direction qui n’était pas inhabituelle dans l’histoire des idées : ce qui était autrefois une innovation historique est devenue une convention au fil du temps, une convention qui allait se terminer par une frustration générale. Notre mentor spirituel, Ivan Illich, qui était parmi nous, a fait remarquer que cette idée s’inscrirait à merveille dans une archéologie de la modernité qu’il avait l’intention d’écrire. Déjà à l’époque, il était d’avis qu’il fallait parler du développement par le biais d’une notice nécrologique.

Flashback

Quand l’ère du développement a-t-elle commencé ? Dans notre dictionnaire du développement, nous avons identifié le président Harry S. Truman comme le méchant. En effet, le 20 janvier 1949, dans son discours d’investiture, il déclarait que plus de la moitié de la population mondiale venait de « régions sous-développées ». C’était la première fois que le terme « sous-développement », qui allait devenir plus tard une catégorie clé pour la justification du pouvoir, tant international que national, était employé lors d’un évènement politique important. Ce discours a ouvert l’ère du développement – une période de l’histoire du monde, qui a suivi l’ère coloniale, pour être remplacée quelque quarante ans plus tard par l’ère de la mondialisation. Et aujourd’hui, il y a des signes clairs que la mondialisation pourrait être à son tour remplacée par une ère de nationalismes populistes.

Qu’est-ce qui constitue l’idée de développement ? Nous devrions considérer quatre aspects. Sur le plan chrono-politique, toutes les nations semblent avancer dans la même direction. Le temps imaginé est linéaire, ne se déplaçant que vers l’avant ou vers l’arrière ; mais l’objectif de progrès technique et économique est éphémère. Sur le plan géopolitique, les adeptes du développement, les nations développées, montrent aux pays en difficulté la voie à suivre. La diversité étonnante des peuples du monde est ainsi réduite de façon simpliste en nations riches et pauvres. Sur le plan sociopolitique, le développement d’une nation se mesure à sa performance économique, en fonction de son produit intérieur brut. Les sociétés qui viennent de sortir de la domination coloniale sont tenues de se placer sous la tutelle de « l’économie ». Enfin, les acteurs qui font pression pour le développement sont principalement des experts au sein des gouvernements, des banques multinationales et des entreprises. Auparavant, à l’époque de Marx ou de Schumpeter, le terme de développement était utilisé de façon intransitive, comme une fleur qui cherche à éclore. Aujourd’hui, le terme est utilisé de façon transitive comme une réorganisation active de la société qui doit être achevée dans des décennies, voire des années.

Alors que nous étions prêts à chanter l’adieu à l’ère du développement, l’histoire du monde ne nous a pas suivi. Au contraire, l’idée a reçu un nouvel élan. Alors que les premières ébauches de notre dictionnaire étaient prêtes, en novembre 1989, le mur de Berlin est tombé. La guerre froide était terminée et l’époque de la mondialisation a commencé. Les portes pour les forces du marché transnational qui s’étendent jusqu’aux recoins les plus reculés de la planète ont été grandes ouvertes. L’État-nation est devenu poreux ; l’économie et la culture étaient de plus en plus déterminées par les forces mondiales. Le développement, qui était autrefois une tâche de l’État, est maintenant dé-territorialisé. Les sociétés transnationales s’étendent sur tous les continents et les modes de vie sont alignés les uns sur les autres : Les 4×4 ont remplacé les pousse-pousse, les téléphones cellulaires ont remplacé les rassemblements communautaires, la climatisation a remplacé la sieste. La mondialisation peut être comprise comme un développement sans les États-nations. Les classes moyennes mondiales – blanches ou noires, jaunes ou brunes – en ont le plus profité. Elles consomment dans des centres commerciaux similaires, achètent des produits électroniques de haute technologie, regardent les mêmes films et séries télévisées. En tant que touristes, elles disposent librement du moyen décisif de l’alignement : l’argent. En gros, déjà en 2010, la moitié de la classe moyenne mondiale vivait dans le Nord et l’autre moitié dans le Sud. C’est sans aucun doute le grand succès de la « pensée du développement », mais c’est un échec qui se profile à l’horizon.

Effondrement

« Développement » est un mot malléable, un terme vide de signification positive. Néanmoins, il a conservé son statut de perspective, car il est inscrit dans un réseau international d’institutions qui va des Nations Unies aux ONG. Après tout, des milliards de personnes ont fait usage de ce « droit au développement », comme il est dit en 1986 dans la résolution de l’assemblée plénière de l’ONU. Nous, les auteurs du dictionnaire du développement, étions impatients de proclamer la fin de l’ère du développement ; nous n’avions pas anticipé que le coma politique durerait des décennies. Pourtant, nous avions raison – même si nous avions imaginé que cela se déroulerait différemment.

L’effondrement de l’idée de développement est maintenant évident dans le programme de l’Agenda 2030 des Nations Unies pour les objectifs du développement durable (ODD). L’époque où le développement signifiait « promesse » est révolue depuis longtemps. À l’époque, on parlait de jeunes nations aspirant à se lancer sur la voie du progrès. En effet, le discours du développement est porteur d’une promesse historique monumentale : qu’à terme, toutes les sociétés finiront par combler le fossé qui les sépare des sociétés les plus riches et se partageront les fruits de la civilisation industrielle. Cette époque est révolue : la vie quotidienne est désormais plus souvent une question de survie que de progrès. Si la politique de lutte contre la pauvreté a été couronnée de succès à certains endroits, cela fut au prix d’inégalités encore plus grandes ailleurs, et au prix de dommages environnementaux irréparables. Le réchauffement de la planète et l’érosion de la biodiversité ont jeté le doute sur le fait que les nations développées soient le pinacle de l’évolution sociale. Au contraire, le progrès s’est avéré être une régression, car la logique capitaliste à l’oeuvre dans les pays développés ne peut qu’exploiter la nature. Des « Limites de la croissance » en 1972 aux « Limites planétaires » en 2009, l’analyse est claire : le développement en tant que croissance conduit à une insoutenabilité de la planète Terre pour les humains. Les ODD – qui portent le développement dans leur titre – sont une tromperie sémantique. Les objectifs de développement durable devraient vraiment s’appeler OSD – objectifs de survie durable.

Il convient ici de citer un passage du document qui annonçait les ODD : « Il s’agit d’un programme d’une portée et d’une importance sans précédent […]. Il s’agit d’objectifs et de cibles universels qui impliquent le monde entier, les pays développés comme les pays en développement ». Vous ne pouvez pas exprimer plus clairement le changement de mentalité : « la géopolitique du développement », selon laquelle les nations industrielles seraient l’exemple à suivre pour les pays les plus pauvres, a été éliminée. Tout comme l’ère de la guerre froide s’est estompée en 1989, le mythe du rattrapage s’est évaporé en 2015. Rarement un mythe n’a été enterré aussi tranquillement. Quel est l’intérêt du développement s’il n’y a pas de pays que l’on peut qualifier de « développé durablement » ? En dehors de cela, la géographie économique du monde a changé. D’un point de vue géopolitique, l’ascension rapide de la Chine en tant que plus grande puissance économique de la planète a été spectaculaire. Les sept pays nouvellement industrialisés les plus importants sont maintenant économiquement plus forts que les États industriels traditionnels, bien que le G-7 prétende toujours être hégémonique. La mondialisation a presque dissous le schéma Nord-Sud en place.

De plus, le développement a toujours été une construction statistique. Sans le chiffre magique, le produit intérieur brut (PIB), il était impossible de classer les nations du monde. La comparaison des revenus était le point de départ de la réflexion sur le développement. Ce n’est que de cette façon que l’on peut relativiser la pauvreté ou que la richesse d’un pays est déterminée. Depuis les années 1970, cependant, une dichotomie est apparue dans le discours sur le développement, juxtaposant l’idée de développement en tant que croissance à l’idée de développement en tant que politique sociale. Des institutions telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont continué à ne considérer que l’idée de développement en tant que croissance, tandis que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), et la plupart des ONG ont mis l’accent sur l’idée du développement en tant que politique sociale. Ainsi le terme « développement » est devenu une expression fourre-tout. Les ODD sont issus de cette tradition. La croissance économique n’est plus l’objectif, mais le réductionnisme de la pensée du développement ne disparaît pas si facilement. Au lieu des chiffres du PIB, nous disposons désormais d’indicateurs sociaux – nutrition, santé, éducation, environnement – afin de cartographier la performance d’un pays. Les données permettent la comparaison, et la comparaison permet de calculer des déficits le long d’un axe du temps, tout comme entre les groupes et les nations. La réduction des déficits dans le monde a été l’objectif du développement durant ces 70 dernières années. En ce sens, l’indice de développement humain, à l’instar du PIB, est un indice de déficit ; il classe les pays de manière hiérarchique et part ainsi de l’hypothèse qu’il n’y a qu’une seule forme d’évolution sociale. C’est ainsi que la pensée du développement révèle son secret : elle vit de la dictature de la comparaison quantitative.

Perspective

L’année même de la publication de notre dictionnaire du développement, un autre livre faisait fureur : La fin de l’histoire de Francis Fukuyama. C’est ce qui a marqué l’atmosphère de l’époque : le triomphe de l’Occident avec sa démocratie et ses conditions de vie industrialisées. Vingt-cinq ans plus tard, en 2018, aucune de ses promesses ne s’est concrétisée. Au contraire, le désarroi, voire le chaos, la peur et la colère se sont largement répandus et contrastent fortement avec le triomphalisme des années 1990. Si l’on devait trouver un mot pour décrire l’atmosphère actuelle dans l’hémisphère nord et dans certaines parties de l’hémisphère sud, ce serait : la peur de l’avenir, la peur que les perspectives de vie se réduisent et que nos enfants et petits-enfants soient moins bien lotis que nous. La suspicion que les attentes suscitées par le développement ne seront pas satisfaites se répand parmi la classe moyenne mondiale. Exclus de leurs traditions, conscients des styles de vie occidentaux à travers leurs smartphones, mais aussi exclus du monde moderne, c’est le sort de trop de gens, et pas seulement dans les pays pauvres. Ainsi, la confusion culturelle et les crises écologiques alimentent la peur de l’avenir.

Quoiqu’il en soit, l’âge moderne expansif s’est enlisé et il est temps d’en sortir. En un coup d’œil, on peut identifier trois récits qui répondent à la peur de l’avenir : les récits de la « forteresse », du « mondialisme » et de la « solidarité ». La « pensée de la forteresse », exprimée par le néo-nationalisme, fait renaître le passé glorieux d’un peuple imaginaire. Les dirigeants autoritaires redonnent de la fierté ; tandis que les autres sont des boucs émissaires – des musulmans à l’ONU. Cela conduit à la haine envers les étrangers, parfois couplés à un fondamentalisme religieux. Une sorte de « chauvinisme d’abondance » s’est largement répandu, en particulier dans les nouvelles classes moyennes dont les biens matériels doivent être défendus contre les pauvres. En revanche, dans le « mondialisme », nous trouvons l’image de la planète comme un symbole archétypique. Au lieu du mercantilisme de la forteresse de « América first », les mondialistes promeuvent un monde de libre-échange idéalement déréglementé, qui a pour but d’apporter la richesse et le bien-être aux entreprises et aux consommateurs du monde entier. L’élite libérale mondialisée peut aussi avoir peur de l’avenir, mais de telles difficultés peuvent apparemment être dépassées grâce à la « croissance verte et inclusive » et aux technologies intelligentes.

Le troisième récit – la « solidarité » – est différent. La peur de l’avenir appelle à la résistance contre les puissants, les garants d’une société du chacun pour soi et la poursuite capitaliste du profit. Au contraire, les droits de l’homme – collectifs et individuels – et les principes écologiques sont valorisés ; les forces du marché ne sont pas une fin en soi, mais des moyens d’atteindre une fin. Comme l’exprime le slogan « penser global, agir local », un localisme cosmopolite se nourrit d’une politique locale qui doit aussi prendre en compte des besoins plus larges. Cela signifie l’élimination progressive du mode de vie impérialiste qu’exige la civilisation industrielle et la redéfinition de formes de prospérité frugale. Selon les mots du Pape François, actuellement l’un des plus importants hérauts de la solidarité avec son encyclique « Laudato Si » :

Nous savons à quel point le comportement de ceux qui consomment et détruisent constamment est insoutenable, alors que d’autres ne sont pas encore capables de vivre d’une manière qui soit conforme à leur dignité humaine. C’est pourquoi le moment est venu d’accepter la décroissance dans certaines parties du monde, afin de fournir des ressources pour que d’autres endroits puissent connaître une croissance saine (§193 du Laudato Si).

J’ai le sentiment que ce dictionnaire de l’après-développement s’enracine profondément dans le récit de la solidarité. Les cent entrées élucident de nombreux chemins vers une transformation sociale qui place l’empathie avec les humains et les non humains au premier plan. Ces visions s’opposent fermement au nationalisme xénophobe et au mondialisme technocratique. Il est très encourageant de constater que la théorie et la pratique de la solidarité, comme en témoigne déjà la diversité géographique des auteurs du dictionnaire, semblent avoir a atteint tous les coins du monde.

Autres ressources

Sa Sainteté, le pape François (2015), Laudato Si’

Illich, Ivan (1993), Tools for Conviviality. New York: Harper & Row.

Mishra, Pankaj (2017), Age of Anger: A History of the Present. London: Allen Lane.

Raskin, Paul (2016), Journey to Earthland: The Great Transition to Planetary Civilization. Boston: Tellus.

Sachs, Wolfgang (ed.) (2010 [1992]), The Development Dictionary: A Guide to Knowledge as Power. London: Zed Books.

Speich-Chassè, Daniel (2013), Die Erfindung des Bruttosozialprodukts: Globale Ungleichheit in der Wissensgeschichte der Ökonomie. Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht.

Turquie : le Covid-19 ne peut pas masquer la dictature

Communiqué de presse du 17 mai 2020

Lutter contre le Covid-19 ne doit pas occulter la lutte tout aussi vitale contre les dérives des régimes dictatoriaux : Le régime d’Erdogan en Turquie multiplie les exactions contre les kurdes

En Turquie , la mort, de deux musiciens du Grup Yorum, Helin Boleck le 3 avril puis Ibrahim Göbcek le 6 mai après 321 jours de grève de la faim, emprisonnés pour « terrorisme » (pour certains pour avoir simplement chanté dans leur langue maternelle), est passée quasiment sous silence en France !

Les autorités turques ont ordonné l’arrestation, vendredi 15 mai, de quatre maires élus sous la bannière du Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde) pour leurs liens supposés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Ces 4 maires kurdes élus démocratiquement sont destitués par le pouvoir islamo-conservateur et remplacés par des fonctionnaires sur décision d’Ankara, sans aucune décision de justice.

Lors des élections municipales du printemps 2019, le HDP avait remporté 65 municipalités dans l’est et le sud-est du pays. Depuis, 45 maires HDP ont été révoqués et remplacés par des administrateurs nommés, 21 sont actuellement en prison sous l’accusation de « terrorisme ».

Sept députés du parti, dont sa figure de proue, Selahattin Demirtas, sont également en prison.

Le Collectif montpelliérain de soutien au peuple kurde et le Collectif démocratique kurde de Montpellier demandent à tous nos compatriotes de réagir en soutenant les pétitions ou initiatives de solidarité de la résistance kurde contre les dictatures qui entravent leur démarche démocratique en Turquie comme au Rojava syrien.

Ils demandent aussi à nos élus et nos représentants politiques d’intervenir pour que la France et l’Europe ne restent pas sans réaction devant un tel lynchage de la démocratie !

contact : collectifdesolidariteaveclepeuplekurde (at) lilo.org

Campagne de collecte de fonds pour l’eau au Rojava

Dans le cadre du Forum Mésopotamien de l’Eau qui se tient cette année par vidéoconférence à cause de la pandémie, une réunion sur la Solidarité internationale a eu lieu aujourd’hui. Lors de cette réunion, il a été décidé de lancer une campagne de collecte de fonds pour des projets dans le domaine de l’eau au Rojava.

Aider à collecter 112.000 € (100.000 £) pour des projets dans le domaine de l’eau au Rojava / Syrie du Nord-Est !

Le fonds aidera les coopératives de femmes et les municipalités locales démocratiques de Rojava et d’autres régions du nord-est de la Syrie avec des projets tels que la réparation des infrastructures endommagées par les bombardements (en particulier par la Turquie et l’IS), le creusement de puits (dont beaucoup sont devenus défectueux ces dernières années) et la construction de pompes à eau pour les camps de réfugiés (leur nombre a augmenté ces dernières années), ainsi que le financement de projets à long terme tels que les systèmes d’irrigation des fermes coopératives (à petite échelle pour les besoins locaux) et les initiatives de nettoyage des rivières (ordures, traitement des eaux usées, etc.). Cette campagne vise donc à contribuer au droit à l’eau pour tous les habitants du nord-est de la Syrie.

Malgré l’occupation d’Afrîn, Serêkaniye et Tel Abyad (Grî Spî) ces deux dernières années et la guerre en cours (principalement par l’État turc et ses suppléants), les habitants du nord-est de la Syrie poursuivent toujours l’objectif d’une société directement démocratique, écologique et libérée des préjugés sexistes ; ils reconstruisent donc leur vie, continuent à vivre en coopération, améliorent leur écologie et leur économie.

Pour plus d’informations, voir la vidéo de la campagne et comment faire un don :

Water for Rojava

L’eau n’est pas une arme et un outil d’hégémonie ! L’eau est plutôt la vie (Av jîyane) et un outil pour la paix !

#Water4Rojava #WaterIsLife

Et maintenant on culpabilise les citoyens

Un texte de Marco Bersani d’Attac Italie traduit en français.

Une des stratégies les plus efficaces mises en œuvre dans toute situation d’urgence par les pouvoirs forts consiste à culpabiliser les individus pour obtenir d’eux qu’ils intériorisent la narration dominante sur les événements en cours, afin d’éviter toute forme de rébellion envers l’ordre constitué.

Cette stratégie a été largement mise en œuvre dans la dernière décennie avec le choc de la dette publique, présenté comme la conséquence de modes de vie déraisonnables, où l’on vivait au-dessus de ses moyens sans faire preuve de responsabilité envers les générations futures.

L’objectif était d’éviter que la frustration due à la dégradation des conditions de vie de larges couches de la population ne se transforme en rage contre un modèle qui avait donné la priorité aux intérêts des lobbies financiers et des banques sur les droits des individus.

C’est bien cette stratégie qu’on est est en train de déployer dans la phase la plus critique de l’épidémie de coronarivus.

L’épidémie a mis le roi à nu et fait ressortir toutes les impostures de la doctrine libérale.

Un système sanitaire comme celui de l’Italie, qui jusqu’il y a dix ans était l’un des meilleurs du monde, a été sacrifié sur l’autel du pacte de stabilité : des coupes budgétaires d’un montant global de 37 milliards et une réduction drastique du personnel (moins 46.500 personnes, entre médecins et infirmières), avec pour brillant résultat la disparition de plus de 70.000 lits d’hôpital – ce qui veut dire, s’agissant de la thérapie intensive de dramatique actualité, qu’on est passé de 922 lits pour 100.000 habitants en 1980 à 275 en 2015.

Tout cela dans le cadre d’un système sanitaire progressivement privatisé, et soumis, lorsqu’il est encore public, à une torsion entrepreneuriale obsédée par l’équilibre financier.

Que la mise à nu du roi soit partie de la Lombardie est on ne peut plus illustratif : cette région considérée comme le lieu de l’excellence sanitaire italienne est aujourd’hui renvoyée dans les cordes par une épidémie qui, au cours du drame de ces dernières semaines, a prouvé la fragilité intrinsèque d’un modèle économico-social entièrement fondé sur la priorité aux profits d’entreprise et sur la prééminence de l’initiative privée.

Peut-on remettre en question ce modèle, et courir ainsi le risque que ce soit tout le château de cartes de la doctrine libérale qui s’écroule en cascade ? Du point de vue des pouvoirs forts, c’est inacceptable.

Et ainsi démarre la phase de culpabilisation des citoyens.

Ce n’est pas le système sanitaire, dé-financé et privatisé qui ne fonctionne pas ; ce ne sont pas les décrets insensés qui d’un côté laissent les usines ouvertes (et encouragent même la présence au travail par des primes) et de l’autre réduisent les transports, transformant les unes et les autres en lieux de propagation du virus ; ce sont les citoyens irresponsables qui se comportent mal, en sortant se promener ou courir au parc, qui mettent en péril la résistance d’un système efficace par lui-même.

Cette chasse moderne, mais très ancienne, au semeur de peste est particulièrement puissante, car elle interfère avec le besoin individuel de donner un nom à l’angoisse de devoir combattre un ennemi invisible ; voilà pourquoi désigner un coupable (« les irresponsables »), en construisant autour une campagne médiatique qui ne répond à aucune réalité évidente, permet de détourner une colère destinée à grandir avec le prolongement des mesures de restriction, en évitant qu’elle ne se transforme en révolte politique contre un modèle qui nous a contraints à la compétition jusqu’à épuisement sans garantir de protection à aucun de nous.

Continuons à nous comporter de façon responsable et faisons-le avec la détermination de qui a toujours à l’esprit et dans le cœur une société meilleure.

Mais commençons à écrire sur tous les balcons : « Nous ne reviendrons pas à la normalité, car la normalité, c’était le problème. »