Solidarité Partagée, d’un squat à l’autre

L’association Solidarité Partagée créée le 19 août 2018 propose aux réfugiés, sans-papiers et demandeurs d’asile, un hébergement, un accompagnement et des activités contribuant au développement durable en lien avec la population.

A cette fin, l’association a d’abord occupé Le Château, un bâtiment situé juste derrière la gare Saint-Roch et laissé à l’abandon depuis des années par la SNCF. L’association y a hébergé environ 80 demandeurs d’asile sans solutions de logement et a commencé à réhabiliter le bâtiment qui était insalubre, sans eau ni électricité. Prétextant du danger provoqué par la proximité d’équipements électriques, la SNCF a alors déposé un recours au tribunal administratif et obtenu en octobre 2018 l’expulsion des squatteurs.

Sous la menace de cette expulsion, Solidarité Partagée s’est mis à la recherche d’un autre bâtiment pour héberger les demandeurs d’asile qui logeaient au Château. L’association a jeté son dévolu sur l’ancien centre de vaccination de l’Institut Bouisson Bertrand dans le quartier Euromédecine. Une quarantaine de demandeurs d’asile se sont introduits en janvier 2019 dans ce bâtiment inoccupé depuis plusieurs années, sans dégrader quoi que ce soit comme le préconisent les statuts de l’association.

 

En route vers l'ancien centre de vaccination

 

Le 1er février 2019, un huissier mandaté par l’Institut Bouisson Bertrand est venu constater l’occupation. Puis l’Institut Bouisson Bertrand a assigné Solidarité Partagée en référé le 6 février 2019 devant le tribunal d’instance de Montpellier. L’affaire est passée devant le juge le 20 février 2019 à 11h00. A l’appel de Solidarité Partagée, une soixantaine de personnes (des demandeurs d’asile et les représentants de quelques associations dont Attac Montpellier) se sont rassemblées devant le tribunal au 9 rue de Taragonne et ont assisté aux plaidoiries des avocats de Solidarité Partagée et de l’Institut Bouisson Bertrand. L’avocate de Solidarité Partagée a défendu les droits humains fondamentaux, notamment le droit à la dignité, le droit d’asile et le droit au logement, face à un droit de propriété sans utilité ni projet revendiqué par l’Institut Bouisson Bertrand.

 

Devant le tribunal d'instance

 

Le juge a rendu son verdict le 27 février 2019. Le juge a souligné que l’immeuble n’était pas occupé depuis plusieurs années et que l’Institut Bouisson Bertrand ne démontrait aucune urgence à récupérer la jouissance des lieux. Mais il a retenu la voie de fait que nie Solidarité Partagée puisque l’association ne dégrade jamais les locaux qu’elle occupe ni ne force les serrures pour y pénétrer. Le jugement stipule « qu’à défaut pour l’association Solidarité partagée et M. Samuel Forest d’avoir volontairement quitté les lieux dans le délai de 6 mois […], il sera procédé à leur expulsion et à celle de tous occupants de leur chef, avec l’assistance de la force publique et d’un serrurier si besoin est. Condamnons solidairement l’association Solidarité partagée et M. Samuel Forest à payer à la fondation à caractère d’utilité publique Institut Bouisson Bertrand une indemnité mensuelle d’occupation de 600 euros, jusqu’à libération effective des lieux ». Solidarité Partagée pense faire appel de ce jugement.

Rappelons qu’à Montpellier les centres d’hébergements d’urgence sont saturés et que la réquisition de bâtiments vacants comme la pratique Solidarité Partagée est le seul moyen pour éviter que bon nombre de demandeurs d’asile ne se retrouvent à la rue.