Montpellier, 13 janvier 2023
Total, multinationale climaticide et écocidaire, communique sur son objectif de zéro émission nette d’équivalent CO2 en 2050, mais ne réduit pas sa production d’hydrocarbures.
Sa stratégie consiste à « compenser » ses émissions en progression par la création de « puits de carbone ». Il s’agit surtout de planter des arbres dans des pays pauvres sur des terrains auparavant débarrassés des communautés qui y vivent et qui y travaillent la terre, assurant ainsi leur autonomie alimentaire et économique. Ensuite, cette captation de CO2, dûment constatée, est rémunérée par des produits financiers mis sur le marché des crédits carbone par compensation volontaire. Mais Total sait parfaitement ne pas pouvoir « compenser » toutes ses émissions.
Une opération de ce type est en cours au Congo sur les plateaux Bateke. Financée par Total, elle implique la société Forest Ressource Management (FRM) implantée à Mauguio et sa filiale congolaise Forest Neutral Congo (FNC). C’est cette dernière qui a contracté avec le gouvernement congolais. Avec la complicité du dictateur congolais Sassou Ngesso, reçu le lundi 19 décembre par Emmanuel Macron à l’Élysée, cette société a évincé contre des sommes symboliques, les agriculteurs par la ruse et la contrainte. Soixante dix mille hectares ont donc été accaparées. Sur quarante mille hectares, des acacias, arbres à croissance rapide, sont en cours de plantation.
FNC est en train, après coup, d’énumérer des mesures sociales et environnementales sans que le projet global sur vingt ans ne soit rendu public. Les commandes de pesticides prévues montrent bien que des formes vertueuses d‘agroécologie ne seront pas mises en œuvre, car elles pourraient rendre moins immédiatement productif ce « puits de carbone ».
La société FRM est coresponsable de ce greenwashing. Elle opère en Afrique centrale dans d’autres projets similaires. Son business model repose sur l’étude et la réalisation de la « compensation » carbone par la plantation d’arbres, au profit de sociétés comme Total qui veulent faire croître leur activité extractive tout en abusant la galerie par des actions de « compensation ». Dans ce type d’opération, la société FRM sous-traite l’étude préalable à des experts qu’elle va souvent chercher dans le vivier montpelliérain gravitant autour des centres de recherche de l’IRD et du CIRAD; sa filiale FNC, qui est l’opérateur de compensation, embauche quant à elle du personnel local dont les salaires sont bas. FRM vendra ensuite les actifs de compensation à Total à un tarif avantageux pour les deux parties.
C’est de ce business juteux que le dictateur congolais et le président Macron ont discuté en affichant une rencontre sur l’écologie. Il s’agit de préparer le sommet One Forest Summit qui se tiendra à Libreville en mars 2023.
Signataires de ce communiqué de presse
Comité Local Attac de Montpellier, Comité Local Attac de Marseille