Atelier de la CNCL du 12 juin 2021 sur l’eau et le sol

Impacts sur l’eau et le sol de l’urbanisation et de l’agriculture industrielle. Quelles alternatives ?

L’objectif de cet atelier était de donner des pistes pour :

  • identifier le plus tôt possible, à l’échelle d’un territoire, des projets urbains et des pratiques agricoles néfastes pour l’environnement et les populations ;
  • alerter, mobiliser et lutter efficacement contre ces projets et pratiques, tout en proposant des alternatives crédibles.

Pour cela nous avons décrit les impacts négatifs de certains projets urbains et de certaines pratiques agricoles sur l’eau et le sol. Par exemple, l’artificialisation/imperméabilisation du sol sans cesse croissante dans les villes entraîne l’augmentation du risque d’inondation, de la pollution des milieux aquatiques et des spots de chaleur, et une perte de biodiversité. De même, l’usage de pesticides pollue le sol et l’eau, et certains projets d’irrigation empêchent le retour à un bon état des masses d’eau et ne sont pas soutenables face au changement climatique. Plus largement, c’est toute l’agriculture productiviste qui pose problème, en n’assurant pas la reconstitution de l’humus du sol.

Puis nous avons présenté quelles sont les alternatives à ces projets urbains et ces pratiques agricoles néfastes pour l’environnement et les populations. Ces alternatives, souvent regroupées sous les qualificatifs « ville perméable », « nature en ville », « agroécologie », visent soit à atténuer ou compenser les impacts, soit à les supprimer. Nous avons montré leur intérêt mais aussi parfois leur limite.

Enfin, nous avons présenté « Les sentinelles de la nature », l’outil lanceur d’alerte de France Nature Environnement, et nous avons fait un rappel de la réglementation environnementale (étude d’impact, concertation préalable, débat et enquête publique), afin d’élargir le panel d’actions possibles des associations et comités locaux d’Attac.

Intervenants :

  • Impacts sur l’eau de l’urbanisation et de l’agriculture industrielle – Thierry Uso – CL Attac Montpellier
  • Restaurer le cycle de l’eau, le sol et la végétation – Daniel Hofnung – CL Attac 94
  • Impacts de l’artificialisation sur les sols. Etat et leviers réglementaires ? – Brian Padilla – Espace Ecologie Société

Diaporamas :

Vidéos :

Discussion

La discussion après les interventions a porté sur :

  • La densification urbaine et la démographie comme moyen et prétexte à la métropolisation
  • La transformation progressive des forêts françaises de riches écosystèmes en monocultures d’espèces à croissance rapide pour la production de bois énergie
  • La multiplication des projets de bio-méthanisation sur des terres agricoles produisant initialement des aliments

Agriculture climato-intelligente

Traduction en français de l’article Climate-Smart Agriculture du livre
Pluriverse : A Post-Development Dictionary

Mots clés: agriculture, changement climatique, agriculture climato-intelligente, agrobusiness, greenwashing, adaptation, atténuation

« Agriculture climato-intelligente » est un terme à la mode pour décrire une agriculture censée atténuer le changement climatique ou s’y adapter. Cependant, l’absence d’une définition claire ou de critères spécifiques pour la qualifier a permis à l’agro-industrie d’adopter ce terme avec enthousiasme pour présenter ses activités comme bonnes pour le climat. De nombreuses organisations du mouvement en faveur de l’alimentation se méfient – voire s’opposent – au concept d’agriculture climato-intelligente. Elles s’inquiètent de plus en plus du fait que le terme est si vague qu’il est utilisé pour faire passer pour vertes des pratiques qui sont, en fait, dommageables pour le climat et l’agriculture. Beaucoup craignent que la promotion de l’agriculture climato-intelligente ne fasse plus de mal que de bien et, en réalité, ne compromette la transition vers la durabilité et la justice dont nos systèmes alimentaires ont besoin de toute urgence.

Le terme « Agriculture climato-intelligente » a été initialement définie par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dans le but de promouvoir des approches agricoles susceptibles d’atténuer le changement climatique et de s’y adapter, tout en augmentant les rendements.

Le problème est qu’il n’existe aucune définition précise de ce qui peut – ou ne peut pas – être qualifié de « climato-intelligent ». En raison de la vague conceptualisation de la FAO, les entreprises adoptent librement ce terme pour décrire des pratiques qui, selon elles, favorisent l’innovation et réduisent l’impact environnemental. Cependant, il n’y a pas de critères ou de justifications suffisamment solides pour utiliser ce terme. Les pratiques de l’agriculture climato-intelligente ne sont pas tenues de suivre des principes agro-écologiques ou similaires. Il n’y a pas non plus de garanties sociales pour empêcher les activités dites « climato-intelligentes » de porter atteinte aux moyens de subsistance des agriculteurs, de favoriser l’accaparement des terres ou d’endetter les agriculteurs.

Ainsi, si certains peuvent supposer que l’agriculture climato-intelligente signifie que ces activités sont bénéfiques pour le climat, rien ne garantit que ce soit le cas. Malheureusement, le terme est désormais si largement utilisé qu’il est probablement trop tard pour élaborer des définitions ou des critères judicieux. Pour que l’agriculture puisse véritablement relever les multiples défis liés au changement climatique, un profond changement systémique est nécessaire.

Alors que les effets du changement climatique se font sentir dans le monde entier, l’agriculture, la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire et les communautés agricoles sont particulièrement menacées par ses impacts. Les régimes pluviométriques erratiques, les sécheresses, les inondations et les températures extrêmes affectent de plus en plus la capacité des agriculteurs à produire des aliments.

Dans le même temps, l’agriculture – en particulier le modèle de révolution verte de l’agriculture industrielle – est une cause majeure du changement climatique. Une part importante des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) est créée par l’élevage industriel, ainsi que par l’utilisation généralisée d’engrais azotés de synthèse (Gilbert 2012).

En outre, tout en contribuant au changement climatique, la « révolution verte » de l’agriculture rend les systèmes alimentaires particulièrement vulnérables à ses effets. Les semences vendues par les entreprises agroalimentaires ont été largement sélectionnées pour nécessiter de grandes quantités d’eau et d’engrais azotés de synthèse. Or, ces engrais provoquent la décomposition et la disparition de la matière organique du sol qui retient l’eau, ce qui entraîne l’assèchement rapide du sol en cas de faibles précipitations ou de sécheresse, et donc de mauvais rendements ou la perte de récoltes. La capacité réduite du sol à absorber l’eau expose également davantage les cultures aux dommages causés par les fortes pluies ou les inondations.

Il est donc évident qu’il est urgent d’agir, tant pour réduire la contribution de l’agriculture au changement climatique que pour aider les systèmes alimentaires à faire face et à s’adapter aux impacts actuels et futurs. Heureusement, l’une des solutions les plus efficaces pour réduire la contribution de l’agriculture au changement climatique est également l’une des stratégies d’adaptation les plus efficaces disponibles. En remplaçant les engrais de synthèse par des techniques naturelles, l’agroécologie réduit les émissions et améliore la capacité des sols à absorber et à retenir l’eau en période de sécheresse et d’inondation. Il est également essentiel d’améliorer l’accès des agriculteurs à diverses variétés de semences adaptées aux conditions locales pour qu’ils puissent faire face à toute une série de phénomènes météorologiques imprévisibles. Et en renforçant les économies locales, il est possible de réduire les distances parcourues par les aliments tout en renforçant la souveraineté alimentaire et le contrôle des agriculteurs sur leurs systèmes alimentaires.

Les entreprises agro-industrielles cherchent cependant à retarder ces transformations nécessaires de nos systèmes alimentaires. Au lieu de reconnaître la nécessité de transformer les pratiques agricoles, nombre de ces entreprises utilisent simplement le terme « agriculture climato-intelligente » pour donner un nouveau nom à leurs pratiques néfastes, afin de pouvoir continuer à faire ce qu’elles faisaient jusqu’à présent.

Des entreprises telles que Monsanto, McDonalds, Syngenta, Walmart et Yara (le plus grand fabricant d’engrais au monde) affirment toutes être à l’avant-garde des pratiques de l’agriculture climato-intelligente. Elles affirment que les plus grands bénéfices pour le climat viendront de l’action des plus grands acteurs et que les entreprises polluantes doivent faire partie de la solution.

Monsanto affirme que ses semences génétiquement modifiées tolérantes aux herbicides « Roundup-Ready » réduisent les émissions de CO2 du sol en raison de l’application d’herbicides au lieu du labourage des mauvaises herbes. Et Monsanto espère développer des systèmes qui surveilleraient les émissions de GES et donneraient des conseils sur les conditions météorologiques. Yara développe des produits fertilisants et des techniques d’application qui, selon ce fabricant, auront un impact réduit sur les émissions. McDonalds prétend être à la pointe du développement du « bœuf durable ». De nombreux partisans de l’agriculture industrielle affirment que l’ « intensification durable » peut constituer une stratégie pour une agriculture climato-intelligente, car elle permet d’augmenter les rendements tout en réduisant les émissions par unité de production. Certains projets d’agriculture climato-intelligente ont également été liés à un financement controversé par le biais de la compensation des émissions de carbone.

En se qualifiant de climato-intelligentes, les entreprises espèrent éviter les contrôles et les réglementations, afin de poursuivre leurs activités et développer leurs affaires, même si elles continuent probablement à augmenter leurs émissions globales de GES. Mais en continuant à faire comme si de rien n’était, elles sapent également la souveraineté alimentaire locale et entraînent une foule d’autres problèmes socio-économiques et environnementaux liés à leurs pratiques agro-industrielles.

Pour compliquer le débat, de nombreux groupes qui encouragent les pratiques agro-écologiques à petite échelle, réellement bénéfiques pour le climat, qualifient également leurs activités de « climato-intelligentes ». La confusion survient lorsque différents acteurs utilisent le même terme pour décrire des approches très différentes. L’expression « agriculture climato-intelligente » continue d’être utilisée par certains gouvernements, ONG et entreprises, mais avec des significations et des programmes très différents. Plusieurs gouvernements, entreprises et ONG ont rejoint l’Alliance mondiale pour une agriculture climato-intelligente (GACSA). Entre-temps, des centaines d’organisations de la société civile ont exprimé leur opposition à l’agriculture climato-intelligente, à la GACSA et à toute adoption formelle du terme dans les négociations climatiques des Nations unies.

Autres ressources

ActionAid (2014), ‘Climate Resilient Sustainable Agriculture Experiences from ActionAid and its partners’,
http://www.actionaid.org/publications/climate-resilient-sustainable-agriculture-experiences-actionaid-and-its-partners-0

Climate Smart Agriculture Concerns (2014), ‘Corporate-Smart Greenwash: Why We Reject the Global Alliance on Climate-Smart Agriculture’,
http://www.climatesmartagconcerns.info/rejection-letter.html

Food and Agriculture Organization (FAO), ‘L’agriculture intelligente face au climat’,
http://www.fao.org/climate-smart-agriculture/overview/fr/

Gilbert, Natasha (2012). ‘One-Third of Our Greenhouse Gas Emissions Come from Agriculture’, Nature,
https://www.nature.com/news/one-third-of-our-greenhouse-gas-emissions-come-from-agriculture-1.11708

ScienceDirect (2014), ‘Sustainable intensification: What is its role in climate smart agriculture?’,
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1877343514000359

Yara (2015), ‘Sustainability’,
https://www.yara.com/siteassets/sustainability/documents/yara-climate-smart-agriculture-magazine.pdf/

Teresa Anderson est responsable de la politique et de la communication sur le changement climatique et la résilience d’Action Aid International ; elle est basée à Londres. Elle est l’auteur de plusieurs rapports et articles dont Clever Name, Losing Game : How Climate-Smart Agriculture is Sowing Confusion in the Food Movement et Hotter Planet, Humanitarian Crisis : El Niño, the ‘New Normal’ and the Need for Climate Justice, publié par Action Aid.

Communiqué de presse avant le vote de ratification du CETA devant le parlement français

Peut-on déclarer sa ville en état d’urgence climatique et voter pour des accords climaticides ?

Ce jeudi 18 juillet 2019 le conseil municipal de Montpellier a déclaré la ville en « état d’urgence climatique ». De fait, notre ville est particulièrement exposée aux conséquences du changement climatique comme le montrent les épisodes de canicule chaque année plus violents et les inondations dévastatrices.

Quels actes après les déclarations ?

Ce mardi 23 juillet, est prévu à l’Assemblée nationale le vote qui doit selon les souhaits du président Emmanuel Macron ratifier le CETA, accord de libre-échange avec le Canada. Cet accord aurait pour conséquence d’aggraver les phénomènes à l’origine du réchauffement climatique: il encourage les investissements européens dans tous les secteurs de l’économie canadienne, en particulier les plus nocifs pour le climat, comme l’exploitation du pétrole des sables bitumineux, et favorise les exportations de ce pétrole particulièrement polluant; pour preuve, le Canada se félicite d’avoir accru de 63 % ses exportations de combustibles fossiles vers l’UE pour les douze premiers mois de la mise en application provisoire de cet accord !

Un rapport commandé par le premier ministre le confirme : cet accord « ne donne pas la priorité à la protection de l’environnement ou à la santé » et on peut craindre une « harmonisation par le bas » dans ces domaines.

Patricia Miralles, conseillère municipale de Montpellier et députée LREM, peut-elle contredire à Paris les voeux qu’elle fait à Montpellier ?

Parmi les membres du conseil municipal, Patricia Miralles, également députée de la première circonscription de l’Hérault, a la possibilité de traduire en actes le voeu voté à Montpellier, en refusant de ratifier le CETA. Voter pour le CETA serait en contradiction totale avec ce voeu. Nous serons attentifs au vote de madame Miralles concernant le CETA : ce vote montrera en effet si la majorité municipale considère l’état d’urgence climatique comme une véritable nécessité d’agir, ou comme un simple discours marketing.

Le rapport de la commission d’évaluation du CETA remis au premier ministre le 8 septembre 2017

Attac Montpellier

Conférence-débat : Transition écologique et justice sociale

Le Comité montpellierain d’Attac et la Carmagnole ont organisé une conférence-débat avec Geneviève Azam intitulée « Transition écologique et justice sociale », le Mercredi 27 Mars 2019 à 20h – Salle Guillaume de Nogaret, Espace Pitot, 34000 Montpellier.

Geneviève Azam, enseignante-chercheur honoraire en économie de l’Université Toulouse Jean Jaurès, est membre du Conseil Scientifique d’Attac en charge des questions écologiques. Elle anime également la commission Ecologie-Société, qui est une des commissions les plus actives au sein d’Attac.

Geneviève Azam a présenté plusieurs scénarios conciliant transition écologique et justice sociale. Puis les 70 personnes présentes ont débattu avec elle sur les actions qui peuvent être entreprises dès maintenant.

 

conférence Azam